L'éthique du logiciel libre

Titre complet : L'éthique du système GNU/Linux et de la communauté des logiciels libres, les tâches à accomplir et les risques à envisager,
discours donné en français à LinuxExpo Paris (CNIT de La Défense) le 30 janvier 2002  (enregistrement audio)


[Début de l'enregistrement]

Il s'agit du logiciel libre. Mais qu'est-ce que ça veut dire le logiciel libre ?

Je peux décrire le logiciel libre en trois mots : liberté, égalité, fraternité.

[Applaudissements]

Liberté, parce que tout le monde est libre d'utiliser le programme de toutes les manières utiles, rechercher dans le code ce que fait vraiment le programme, faire des améliorations ou des changements personnels selon les besoins, partager le programme avec le voisin, sortir une version améliorée pour que les autres puissent avoir plus de fonctionnalités.

Un programme libre appartient à la connaissance humaine ; un programme propriétaire, non. Avec un [logiciel] propriétaire, l'utilisateur a perdu la liberté, surtout la liberté de coopérer avec le voisin. C'est pour ça que la Fraternité entre ; parce que Fraternité veut dire : aider le voisin. Mais comment aider le voisin si c'est interdit de le faire ? Le logiciel propriétaire c'est l'interdiction de la fraternité.

Égalité, parce que tout le monde possède les même droits dans l'utilisation du programme. Il ne faut pas être privilégié pour pouvoir utiliser le programme. Pas besoin d'être privilégié pour pouvoir faire des changements ou même regarder ce que fait vraiment le programme, s'il fait des nuisances ou non.

Dans les années 80, depuis le lancement du mouvement en 1984, quand j'ai commencé à écrire le système d'exploitation GNU, les gens pour la plupart se moquaient de l'idée de logiciel libre. Parfois ils disaient « Ah oui, c'est une bonne idée théoriquement mais vous n'arriverez jamais à avoir un système d'exploitation entièrement libre. C'est un rêve. »

Mais dans les années 90, quand nous étions arrivés à avoir un système entier, le système GNU avec Linux le noyau, il y avait beaucoup de gens attirés par le logiciel libre, par les bienfaits techniques, par les avantages comme puissance et fiabilité. Et parmi eux, il y en avait beaucoup qui n'étaient pas conscients des issues, des questions éthiques, politiques, sociales. Pour lesquels il ne s'agissait que de rentabilité, d'efficacité, de fiabilité au lieu de liberté, d'égalité, et de fraternité. C'est ça l'origine du mouvement « open source ». Parmi ces gens qui ne désiraient pas parler des questions éthiques ou politiques, qui désiraient au contraire éviter ces questions. Dans l'année 98, ils ont lancé leur mouvement « open source » qui évite de manière studieuse d'aborder ces questions. Ils ne parlent que des bienfaits pratiques et je suppose que parmi les conférenciers avant moi, vous avez entendu beaucoup de ces idées. Il incombe à moi d'ajouter ce qu'ils ne disent pas.

Je ne veux pas dire que ces gens ne font rien d'utile parce qu'ils ont écrit beaucoup de logiciels libres qui maintenant font partie du système GNU/Linux. Ils sont, pas tous mais beaucoup, sont des vrais contributeurs de la communauté des logiciels libres. Mais l'omission des questions politiques est très dangereuse pour notre avenir. Cette omission est devenue plus fréquente parce que les gens ont trouvé deux manières de cacher l'origine de la communauté de la vue des utilisateurs pour la plupart. Deux confusions qui ont cet effet.

La première confusion c'est entre GNU et Linux. Vous pouvez voir beaucoup d'affiches disant Linux, voici Linux Expo, Linux Monde. Beaucoup de monde a l'idée que le système entier c'est Linux. Et que le développement du système entier a commencé en 91, a été commencé par Linus Torvalds et avec pour but seulement de s'amuser, aucun but plus profond que ça. Ce n'est pas vrai. Dans les détails ce n'est pas vrai mais peut-être une erreur des détails ne fait pas beaucoup de mal. Si on suppose que le développement a commencé en 91 au lieu de 84 ça ne fait rien. Cela amène les gens à supposer que le système existe seulement pour s'amuser pas pour libérer les utilisateurs des ordinateurs et ça c'est une erreur très profonde et très dangereuse parce que ça facilite aux gens d'éviter les questions éthiques et politiques. Il est très facile de parler toute la journée au sujet de Linux sans aborder ces questions les plus importantes. Il y a un an, j'ai fait une intervention à ce sujet, et puis quelqu'un dans l'assistance est venu me dire « Ça fait cinq ans que je travaille dans la communauté et voici la première fois que quelqu'un m'a mentionné qu'il y a une question de liberté au fond ». La connaissance de la question de liberté, égalité, fraternité est presque perdue dans notre communauté. Il faut des efforts pour éduquer les gens, pour diffuser la conscience de ces questions. Il vous faut des efforts, moi je ne suffis pas.

La deuxième confusion c'est l'idée de confondre le mouvement des logiciels libres avec l'autre mouvement « open source ». Les gens de « open source » ont le droit légitime de promouvoir leurs opinions, bien sûr. Mais ils ont attaché leur étiquette à notre travail et à nous, ce qui n'est pas correct. Souvent il y a des articles dans la presse qui m'identifient comme « père du mouvement open source » et chaque jour je reçois des courriers où les gens m'invitent à faire un travail avec eux au nom d'« open source ». C'est vraiment ironique et triste. Que dire à quelqu'un qui me félicite pour le grand succès d'« open source » croyant que je suis adhérent de ce mouvement ? Peut-être se tromper du nom ce n'est pas grand chose mais avec l'autre nom il y a d'autres idées aussi et voilà le problème parce que les gens qui pensent que je suis adhérent de l'autre mouvement supposent que je suis d'accord avec leurs idées, ce que je ne suis pas. Et les idées qui nous ont livré ce système libre peuvent facilement être oubliées et perdues si nous ne faisons pas des efforts pour les garder dans la conscience du public. Mais si les gens écrivent du logiciel libre, est ce qu'il signifie grand chose qu'ils ne disent pas liberté, qu'ils ne disent pas logiciel libre ? Peut-être oui, peut-être non. Ça dépend des circonstances. Parce que quand il n'y a pas d'obstacle, quand il ne s'agit que de faire l'effort d'écrire un programme, peut-être les motivations n'importent pas. Il y en a assez de gens motivés par les idées de « open source » à écrire des programmes libres. Bien, si nous arrivons à avoir assez de programmes comme ça, il n'y a pas de problème. Mais parfois il y a des obstacles, des obstacles très grands, des obstacles très difficiles à surmonter, et même des interdictions légales à écrire des programmes libres. Et quand il s'agit de se battre pendant des années contre des obstacles imposés au public, il faut une motivation très forte. Le désir de s'amuser ne suffit pas pour ça. Pour écrire un programme, oui. Parce que pour les grands développeurs c'est vraiment très amusant d'écrire un programme puissant et très utile. Mais pour se battre contre l'opposition il faut quelque chose de plus fort. Il faut la motivation de défendre nos libertés.

C'est comme ça que les gens seulement éduqués dans le mouvement « open source » sont prêts à accepter le manque de logiciels libres pour cette tâche-ci ou cette tâche-là quand il y a un tel obstacle. Par exemple, aujourd'hui il n'est pas rare que les fabricants de matériel ne divulguent pas le mode d'emploi. C'est secret. La seule chose qu'ils offrent c'est des pilotes binaires, sans code source, pas libres. Qu'est-ce qu'il faut faire ? Il ne s'agit pas que d'écrire un programme parce que les détails de ce qu'il faut faire ne sont pas disponibles à notre communauté. Que faire ? Il y a deux chemins. Le chemin de reverse-engineering [ingénierie à rebours], ce qui est un très grand travail que les fabricants cherchent à interdire. Il y a aussi le chemin de pression du marché, inciter les gens à ne pas acheter ce matériel mais ça aussi exige un effort, un effort qui ne se fait pas beaucoup. Nous avons besoin des gens pour organiser cet effort dans le marché, le boycottage de ces produits avec le mode d'emploi secret. J'ai maintenant un laptop [ordinateur portable] où j'utilise le système GNU/Linux libre mais dans la version nouvelle du même produit, le système libre ne fonctionne pas. Techniquement, le système de fenêtrage ne fonctionne pas dans une version libre. Il y a une version binaire, pas libre, offerte par le fabricant. Ce n'est pas acceptable parce qu'elle ne respecte pas nos libertés. Comment organiser les gens au refus de ce produit ? Est ce qu'il y a quelqu'un qui veut faire ce travail ? Parce que si oui, il faut m'envoyer un courrier. Je veux bien lancer des efforts dans ce champ.

Il y a des problèmes bien plus grands : les interdictions légales contre le développement des programmes libres pour ce travail-ci ou ce travail-là. L'Europe vient d'accepter une directive européenne interdisant le développement indépendant des programmes pour accéder aux données publiées d'une manière cryptée, comme les disques vidéo, comme la musique Real Audio, comme les livres électroniques. À bas les livres électroniques, j'espère qu'ils feront tous faillite. [Applaudissements] Je n'ai rien contre l'idée de lire des livres sur l'écran. Si ça vous convient, bien. Mais si un livre ne vous vous offre pas le droit de le prêter au voisin, de le vendre en livre d'occasion ou de l'acheter sans donner votre nom à une base de données, si un livre ne vous offre pas le droit de le garder [indéfiniment] et de le lire [un nombre de fois illimité], il faut le refuser. C'est une loi très dangereuse qu'il faut chercher toujours à annuler. C'est comme la loi américaine DMCA au nom de laquelle Dimitri S. a été arrêté aux États-Unis. Il [y a eu une époque] où les visiteurs américains en Russie étaient en danger d'être arrêter pour des raisons idiotes. Maintenant c'est l'inverse.

Mais [il y a] même pire : c'est le danger des brevets informatiques ; parce que n'importe quel travail dans n'importe quel champ de l'informatique peut être interdit par un brevet si il y a des brevets informatiques. Mais cette question, avoir ou ne pas avoir des brevets, c'est une question politique. Vivre en Europe maintenant, la communauté des logiciels libres a fait des grands efforts pour empêcher l'acceptation des brevets informatiques en Europe. Ici en France il y a de l'opposition parmi les officiels mais il faut qu'ils reçoivent beaucoup d'opposition de chez le public. Il faut dire à vos députés que vous êtes contre les brevets informatiques. Et pourquoi est-ce que les brevets informatiques sont si dangereux ? C'est parce que n'importe quelle idée, n'importe quelle manière de manipulation des données, n'importe quelle fonctionnalité peut être brevetée. Il ne s'agit pas de breveter un programme ; cela ne serait pas si dangereux de breveter un programme. Parce que comme ça si vous écrivez un autre programme, pas de problème. Mais le problème existe parce que le brevet s'applique à une idée et si vous écrivez un programme utilisant cette idée, c'est interdit. Mais dans chaque programme il faut utiliser beaucoup, beaucoup d'idées ; il faut utiliser les idées déjà connues. Personne n'est assez intelligent pour réinventer de nouveau l'informatique. Pour écrire un programme, un programme innovant, il faut avoir de nouvelles idées à mélanger, à combiner avec les idées déjà connues. Il faut faire un grand travail, écrire des lignes de code, des détails, pour implémenter les idées en combinaison. Mais si une de ces idées est brevetée par quelqu'un d'autre déjà, le programme est interdit. C'est comme ça que les brevets informatiques gênent même le progrès de l'informatique. Ce qui est amusant parce que le but supposé du système de brevets c'est d'inciter le progrès, et dans notre champ, l'informatique, le résultat est le contraire. Mais c'est surtout néfaste pour le logiciel libre parce que pour une entreprise qui développe un programme propriétaire, il y a peut-être la possibilité de négocier les licences pour l'utilisation des idées brevetées. Pour nous c'est très très difficile, nous ne pouvons pas payer pour ces licences. Pour la plupart, pas toujours, il y a des entreprises qui développent du logiciel libre comme vous avez vu ce matin, la plupart des développeurs sont des individus qui le font pour des buts non-lucratifs, qui ne peuvent donc pas payer pour être permis de servir l'humanité. Prière donc de vous mettre en contact avec votre député à ce sujet ; cherchez à APRIL et à EuroLinux (même si cette organisation porte un nom incorrect, elle fait des travaux très utiles dans ce champ) pour des avis au sujet de comment agir contre les brevets informatiques.

Bien ; à ce moment je crois que je dois demander des questions.

[Question inaudible]
Ma conception de servir l'humanité ? Il y a beaucoup de choses à faire ; vous pouvez imaginer beaucoup de choses. Mais pour servir l'humanité avec le logiciel, il faut que le logiciel soit libre, parce que le logiciel libre fait partie de la connaissance humaine. Le logiciel propriétaire est dépourvu à la connaissance humaine.
[Question inaudible]
Qui a entendu ?
[une voix : « Il parle de l'utilisation de logiciel libre par le grand public. »]
Ah oui. Nous cherchons à rendre facile à utiliser le système GNU parce que nous sommes tous d'accord de ce qu'il ne faut pas seulement servir les wizards, les gourous, mais aussi tous les utilisateurs. C'est pour ça que nous avons lancé il y a quatre ans et demi GNOME, le desktop de GNU, pour offrir des interfaces graphiques faciles à utiliser et j'espère que GNOME fasse beaucoup de progrès et rende enfin le système utilisable pour tout le monde. Donc je suis d'accord. Quelqu'un d'autre ?
Question émanant de l'auditoire : Depuis que j'utilise Linux, chaque fois que je l'achète, quelque soit le distributeur, ils ne vendent que les exécutables…
Est-ce qu'il y a écrit une offre du code source ? Parce que sinon c'est une violation de la licence et il faut envoyer les détails à la FSF pour que nous puissions poursuivre ceux qui n'offrent pas le code source. […] Il faut informer le détenteur légal du droit de copie de chaque programme ou quelques programmes parmi les plus importants si c'est une distribution entière de GNU/Linux, il y a beaucoup de programmes, pas besoin d'informer chaque développeur mais s'il y a des programmes de la FSF, dont la FSF est le détenteur légal, prière d'informer la FSF et nous pouvons, nous savons agir. Et prière de ne pas appeler ces distributions, des distributions de Linux parce que ce n'est pas exact. [Il nous est utile] pour agir dans ce champ et dans tous les autres champs que les gens savent que c'est le système GNU avec Linux comme noyau, si les gens n'oublient pas d'où vient ce système.
Question émanant de l'auditoire : Bonjour ; je sais qu'il y a quelques temps vous avez rencontré des députés à l'assemblée nationale, je voudrais savoir si vous comptez rencontrer des ministres pour que dans les administrations, dans l'éducation nationale, il soit fait plus souvent appel à des logiciels libres au lieu des produits d'une certaine firme que tout le monde connaît qui fait en sorte que les utilisateurs aient l'habitude de ces produits et une fois arrivés dans une entreprise ils vont demander d'utiliser ces produits qu'ils connaissent bien.
Ma priorité maintenant concernant les administrations et les gouvernements d'Europe c'est la question des brevets informatiques. Parce que si les gouvernements veulent nous aider de manière explicite, c'est bon, ça peut nous aider mais ce dont nous avons vraiment besoin c'est de ne pas être interdit d'écrire des logiciels libres. Si les gouvernements peuvent s'arrêter de nous interdire, enfin nous pourrons arriver à servir leurs besoins assez bien pour vaincre, pour gagner. Donc si les gouvernements veulent adopter des politiques pour promouvoir les logiciels libres dans les départements administratifs, je suis d'accord, c'est bon, mais ce que je demande c'est de ne pas tolérer les brevets qui nous interdisent.
Question émanant de l'auditoire : Les deux derniers arguments que j'ai entendu de […] Bill Gates étaient que le logiciel libre était « unamerican » et que le logiciel libre ne pouvait pas fonctionner puisqu'on ne peut pas créer d'activités capitalistiques en publiant le code source. Qu'est ce que vous en pensez ?
Le premier, c'est que la GPL est anti-américain ; j'ai écrit un article qui explique comment la GPL incarne l'esprit américain, mais pas l'esprit actuel mais l'esprit de l'origine. Nous ne pouvions pas accéder à la liberté dans le continent du cyberespace ou chaque programme à son patron ; il a fallu construire un autre continent dans le cyberespace. Quand à l'autre c'est un exemple d'ignorance des faits pour préférer les théories. On peut voir que le logiciel libre fonctionne. C'est comme dire « Je ne crois pas que les satellites peuvent circuler… parce que le monde est plat ».
Question émanant de l'auditoire : Tout à l'heure vous parliez de l'erreur sur Linux-Expo et GNU/Linux-Expo, cette année, n'avez-vous pas l'impression que ça s'appelle plutôt IBM-Linux-Expo ?
Je n'ai pas d'impression puisque je n'ai pas vu ; je viens d'arriver juste à temps pour faire cette conférence, je n'ai pas beaucoup vu. Peut-être que c'est possible. Mais IBM est meilleure que beaucoup d'autres entreprises qui se présentent dans une telle exposition. Au moins IBM développe du logiciel libre. IBM développe aussi du logiciel propriétaire, ce qui est immoral, mais au moins IBM fait quelque chose de bon.
Question émanant de l'auditoire : En France, en 2002, chez les cinq plus gros constructeurs de PC dont IBM, il est impossible d'acheter un ordinateur sans Windows ; est-ce que vous avez des conseils pour nous aider à changer la situation en France ?
Non, je n'ai pas d'idée. Je ne sais pas le faire ici. Mais je dois dire que nous opposer aux brevets informatiques est beaucoup plus urgent. Je n'aime pas donner de l'argent à Microsoft, mais leur donner de l'argent est moins important que pouvoir écrire des logiciels libres. La raison pour laquelle j'écris des logiciels libres c'est parce que je veux vivre dans la liberté, en utilisant seulement du logiciel libre. Si mon argent va à Microsoft, ça ce n'est pas le vrai problème. Avoir du logiciel propriétaire c'est le problème. Bien sûr, je voudrais ne pas gaspiller mon argent en le donnant à Microsoft. Je ne veux pas augmenter leur influence d'acheter les votes législatifs mais la question des brevets informatiques est la question la plus importante.
Question émanant de l'auditoire : On parle souvent de Linux mais on se trompe en parlant du système GNU et Linux n'est qu'un noyau. Le Hurd est une alternative, quel est son avenir ? Est qu'il va arriver ? On n'en entend pas parler du Hurd…
Que'est ce que l'avenir du Hurd ? Je ne vois pas l'avenir ; c'est dommage. Mais je puis expliquer le présent du Hurd. Il fonctionne maintenant. Pas aussi fiable que Linux. Il y a un an, le Hurd se plantait deux fois par jour. Maintenant il peut marcher plusieurs jours sans se planter. Il y a tout un système construit au dessus. Vous pouvez installer un système GNU/Hurd maintenant. Il y a une version de Debian qui utilise le Hurd au lieu de Linux avec plusieurs milliers de paquets disponibles. Il fonctionne.
Question émanant de l'auditoire : Est-ce que tu as des nouvelles de la GPL version 3 ?
Oui. Je crois que nous avons trouvé une manière de résoudre le problème ASP, d'exiger qu'un ASP qui a modifié le programme offre le code source aux utilisateurs de leurs services et nous espérons sortir une version de brouillon dans quelques mois.
[Question inaudible relative à la position de la FSF vis à vis de RT-Linux…]
RT-Linux est une version de Linux, le noyau, modifié avec des fonctionnalités de temps-réel par une entreprise qui a obtenu aux États-Unis un brevet sur une idée utilisée dans cette version ; qui a sorti cette version améliorée de Linux avec une licence de brevet qui d'abord était en contradiction avec… [Coupure de l'enregistrement]
Question émanant de l'auditoire : Qu'est ce que tu penses du changement de licence de Mono ?
Il est allé trop loin. Permettre, en ce cas, pour des questions de stratégie c'est une bonne idée de permettre des programmes propriétaires qui peuvent facilement utiliser les librairies de classe de Microsoft et maintenant d'utiliser les librairies de classe de Mono pour faire une meilleure concurrence avec Microsoft parce que comme ça les utilisateurs de logiciels propriétaires, ce n'est pas eux qui gagnent, c'est nous qui gagnons. Mais je crois qu'il est allé trop loin en utilisant la licence X11 parce que il aurait pu utiliser la licence GPL plus une permission de combiner le code avec d'autres choses propriétaires.
Question émanant de l'auditoire : De plus en plus de drivers utilisent des firmware qui sont téléchargés dans l'appareil et pour celui qui écrit des drivers pour Linux c'est difficile de transformer le firmware en GPL…
Oui c'est difficile. Mais qu'est ce qu'on peut faire…? Il faut chercher des manières d'avoir du logiciel libre pour ces ordinateurs dans les matériels. C'est la seule vraie solution. Il y a des choses à faire plus facile mais qui ne résolvent pas vraiment le problème parce que dès que l'ordinateur dans le matériel est capable de téléchargement de programmes, on ne peut plus l'ignorer, c'est vraiment un ordinateur, il faut du logiciel libre pour cet ordinateur. Qu'est ce que nous pouvons faire ? Il faut exiger auprès du fabricant de nous permettre de les utiliser avec du logiciel libre. Il faut peut-être choisir un fabricant et boycotter celui-ci le premier même si les autres font la même chose. Parce qu'on n'est pas obligé d'attaquer tous les ennemis en même temps. On peut choisir l'ennemi le plus faible. [Rires].
Question émanant de l'auditoire : Que pensez-vous de la politique open source de Apple actuellement ? Est-ce que vous soutenez les ajouts de logiciels GNU dans Mac OS X ?
Je ne suis pas contre l'utilisation de GCC mais je critique assez fort les autres choses qu'Apple fait. Apple cherche à être accepté comme contributeur de la communauté, mais qu'est-ce qu'Apple fait vraiment ? Apple a sorti des programmes sous une licence acceptée comme open source mais qui n'est pas une licence libre. Ce logiciel n'est pas libre. Il y a des restrictions que les gens d'open source acceptent, mais nous, non. De plus, quelle portion du système Apple a sorti comme ça ? Pas les portions intéressantes, par les portions plus puissantes que les autres systèmes, non, les portions qui font les travaux semblables à ce que notre logiciel fait déjà. Quelle contribution… Les portions graphiques, les portions qui sont excellentes sont toujours complètement propriétaires.
Question émanant de l'auditoire : Dans la question des logiciels libres, ce qui est intéressant c'est le côté éthique et c'est quelque chose qui s'applique en fait à tout type de création et de diffusion de savoir donc en fait des milliers d'applications autre que le logiciel et j'ai comme l'impression que cette éthique du libre a un peu du mal à sortir du monde du logiciel et je voudrais savoir aussi si il n'y a pas moyen de faire des mouvements beaucoup plus larges sur le côté liberté au niveau de la création et de la diffusion du savoir.
Ils ont déjà commencé. L'idée du logiciel libre, cette idée de liberté, s'applique également aux autres œuvres destinées à une utilisation fonctionnelle, y compris les manuels d'utilisation, les livre d'école, les livres d'enseignement, les dictionnaires, les encyclopédies, les recettes de cuisine. Et dans ces champs, il y a des projets libres, il y a un projet d'encyclopédie libre, maintenant surtout en anglais mais dans la licence il y a le droit de traduire aussi. Il y a plusieurs dictionnaires libres y compris un dictionnaire de Wallon. Je crois qu'il y a aussi un dictionnaire espagnol libre ou peut-être c'était un dictionnaire anglais-espagnol je ne m'en souviens plus, il y a un projet de dictionnaire de langue indienne qui est libre, il y a un commencement de projet de livre d'enseignement libre, nous développons des manuels d'utilisation de GNU/Linux libres. Donc pour les œuvres fonctionnelles les mêmes idées s'appliquent. Pour les autres œuvres… Il y a des œuvres dont le but est d'indiquer la pensée de quelqu'un ; pour ces œuvres la modification par les autres me paraît illégitime (seulement la diffusion exacte) ; et peut-être selon les circonstances, selon le type d'œuvre, peut-être le droit de le faire pour un but non commercial suffit. Parce que pour n'importe qu'elle œuvre, n'importe quelle information publiée, il faut toujours le droit de le donner aux amis, de donner des copies aux amis ; interdire ce partage entre les amis est vraiment immoral pour n'importe quel œuvre. Mais hors de cela, il dépend de l'utilisation de l'œuvre. Et pour les œuvres artistiques, la question du droit de modifier est une question très difficile parce que je vois des raisons de chaque côté. Mais, il n'y a pas longtemps, quelqu'un m'a informé d'une version modifiée de « Star Wars the phantom menace » qui s'appelle « Star Wars the phantom edit ». Quelqu'un a obtenu une copie, a fait des changements pour ôter des scènes qui n'étaient pas très intéressantes et a produit un film que beaucoup trouvent meilleur que l'original.

Autre question ? Ah non, c'est dommage mais je dois retrouver mon visa pour le Brésil. Je vais au Brésil demain.

[Nombreux applaudissements]

OK, d'accord. Il paraît que vous exigez quelque chose de plus. (Rires). Voici donc la chanson du logiciel libre. Mais je ne me souviens plus des mots français. C'est dommage, je dois le chanter en anglais.

Hum…

Join us now and share the software;
You'll be free, hackers, you'll be free.

Join us now and share the software;
You'll be free, hackers, you'll be free.

Hoarders may get piles of money,
That is true, hackers, that is true.
But they cannot help their neighbors;
That's not good, hackers, that's not good.

When we have enough free software
At our call, hackers, at our call,
We'll throw out those dirty licenses
Ever more, hackers, ever more.

Join us now and share the software;
You'll be free, hackers, you'll be free.

Join us now and share the software;
You'll be free, hackers, you'll be free.

[Nombreux applaudissements]

Happy Hacking !

Qui veut lancer le développement d'un dictionnaire français-anglais anglais-français libre ?

[Fin de l'enregistrement]