[Traduit de l'anglais]

Appliquer le copyleft à de l'information qui n'est pas du logiciel

Primo, qu'est-ce que le copyleft ?

On peut lire la définition de « copyleft » dans le lexique du hacker, Jargon File :

copyleft: /kop'ee-left/ [play on “copyright”] n. 1. The copyright notice (“General Public License”) carried by GNU EMACS and other Free Software Foundation software, granting reuse and reproduction rights to all comers (but see also General Public Virus). 2. By extension, any copyright notice intended to achieve similar aims.

Traduction :
copyleft : /kɔ.pi.lɛft/ [jeu de mots sur « copyright »] n. 1. L'avis de copyright (General Public License) adopté par GNU EMACS et d'autres logiciels de la Free Software Foundation, garantissant les droits de réutilisation et de reproduction pour tout le monde (mais voir également General Public Virus). 2. Par extension, tout avis de copyright destiné à atteindre des buts similaires.

Le über-hacker Richard Stallman [en] inventa l'idée de copyleft en 1983 quand il démarra le projet GNU. Pour résumer, son but était « de développer un système d'exploitation libre de type Unix ». Comme partie intégrante de son objectif, il conçut et écrivit la GNU General Public License [en] (licence publique générale GNU, ou GNU GPL), une construction juridique qui inclut un avis de copyright, mais qui le complète (ou, techniquement, lui retire certaines restrictions) de sorte que ses clauses prévoient la liberté de réutilisation, de modification et de reproduction d'une œuvre ou de ses dérivés pour qu'ils restent accessibles à tous.

Le copyright [en] normal affirme la propriété et l'identification de l'auteur, aussi bien qu'il interdit d'utiliser le nom de l'auteur comme auteur d'une version déformée de l'œuvre ; il interdit également la déformation intentionnelle de l'œuvre par d'autres et interdit sa destruction. Mais il exerce également d'autres restrictions, telle que la restriction de reproduction ou de modification d'une œuvre.

Le copyleft contient la déclaration normale de copyright, affirmant la propriété et l'identification de l'auteur. Cependant, il cède certains des autres droits implicites dans le copyright normal : il stipule que vous n'êtes pas seulement libre de redistribuer cette œuvre, mais que vous êtes libre également de la modifier. Cependant, vous ne pouvez revendiquer avoir écrit l'œuvre originale, ni non plus revendiquer que ces changements aient été faits par quelqu'un d'autre. Enfin, toutes les œuvres dérivées doivent également bénéficier de ces clauses.

Pourquoi le copyleft est-il important, voire nécessaire ?

Certaines restrictions du copyright (telles que la distribution et la modification) ne sont pas très pratiques pour la « cybérie », la « communauté démocratique, apolitique et libre » que constitue le monde numérique fonctionnant en réseau.

Avec les ordinateurs, des copies parfaites d'une œuvre numérique peuvent être aisément faites (et même modifiées, ou distribuées) par d'autres, sans perte de l'œuvre originale. Au cours des interactions interpersonnelles en cybérie, partager l'information (puis réagir et en rajouter) n'est pas seulement naturel, mais c'est la seule façon d'assurer l'épanouissement des individus en communauté. Par essence, l'idée du copyleft est à la base de la propagation naturelle de l'information numérique dans une société humaine. C'est pourquoi la notion classique de copyright n'a pas de sens dans le contexte de la cybérie.

La simple publication dans le « domaine public » ne marchera pas, parce que certains essayeront d'abuser de la situation à leur profit en privant les autres de la liberté. Aussi longtemps que nous vivrons dans un monde où le droit aura besoin d'abstractions juridiques telles que le copyright, nous aurons besoin, en tant qu'artistes ou scientifiques responsables, des abstractions juridiques en bonne et due forme du copyleft pour assurer nos libertés et les libertés des autres.

Stallman a beaucoup écrit sur ce sujet et on peut en trouver les détails dans les excellents textes publiés par la Free Software Foundation.

Donc, pourquoi la GNU GPL de la FSF n'est-elle pas bien adaptée ?

Elle est bien adaptée ! La GNU GPL n'est pas seulement un document d'une valeur littéraire et historique significative, mais elle est largement utilisée aujourd'hui pour d'innombrables logiciels (ceux qui font partie du projet GNU et bien d'autres). La GNU GPL a été conçue dans le but spécifique de partager le logiciel parmi les programmeurs. Cependant, en regardant de près la GPL, il apparaît que la même licence peut être aisément appliquée à de l'information non logicielle.

Alternativement, un document peut être « copylefté » sous des termes différents, ou des termes plus simples ; que la GNU GPL soit ou non le moyen spécifique d'atteindre le but recherché n'est pas la question, bien que la GNU GPL fournisse certainement la plus explicite (et canonique) définition du copyleft.

OK, alors comment est-ce que je copylefte mon œuvre non logicielle ?

C'est simple. Tandis qu'une situation particulière peut requérir ou inspirer sa propre licence spécifique, peut-être similaire à la GNU GPL, tout ce qu'un avis de copyleft doit réellement faire est de satisfaire les points définis dans « Primo, qu'est-ce que le copyleft ? » Il est facile d'utiliser la GNU GPL pour copylefter votre œuvre.

La GNU GPL déclare qu'elle « s'applique à tout programme ou toute œuvre contenant un avis placé par le détenteur du copyright précisant qu'il peut être distribué selon les termes de cette licence publique générale ». Ainsi ce « programme » n'est pas nécessairement un logiciel ; n'importe quelle œuvre de n'importe quelle nature, pouvant être copyrightée, peut être copyleftée avec la GNU GPL.

La GNU GPL fait référence au « code source » d'une œuvre ; ce « code source » signifiera différentes choses pour différents types d'information, mais la définition du « code source » (fournie par la GNU GPL) reste vraie dans tous les cas : « Le code source d'une œuvre désigne la forme de cette œuvre sous laquelle les modifications sont les plus aisées. »

Les avis liés à l'œuvre ne peuvent pas toujours être placés « au début de chaque fichier source », comme le recommande la GNU GPL. Dans ce cas, le répertoire où se trouvent les fichiers doit contenir un avis, de même que tout texte ou documentation qui l'accompagne.

Finalement, pour des œuvres non logicielles la ligne de « copyright » incluse au début du « code source » de l'œuvre est légèrement modifiée :

<une ligne pour indiquer le nom de l'œuvre et donner une idée de ce qu'elle est censée faire.>
Copyright (C) aaaa <nom de l'auteur>

This information is free; you can redistribute it and/or modify it under the terms of the GNU General Public License as published by the Free Software Foundation; either version 2 of the License, or (at your option) any later version.

This work is distributed in the hope that it will be useful, but WITHOUT ANY WARRANTY; without even the implied warranty of MERCHANTABILITY or FITNESS FOR A PARTICULAR PURPOSE. See the GNU General Public License for more details. You should have received a copy of the GNU General Public License along with this work; if not, write to the Free Software Foundation, Inc., 51 Franklin Street, Fifth Floor, Boston, MA 02110-1301, USA.

Traduction non officielle :

Cette information est libre, vous pouvez la redistribuer et/ou la modifier selon les termes de la GNU General Public License telle que publiée par la Free Software Foundation ; soit la version 2 de cette licence, soit (à votre choix) toute autre version ultérieure.

Ce programme est distribué dans l'espoir qu'il sera utile, mais SANS AUCUNE GARANTIE ; sans même la garantie tacite de QUALITÉ MARCHANDE ou D'ADÉQUATION À UN BUT PARTICULIER. Pour plus de détails, reportez-vous à la GNU General Public License. Vous devez avoir reçu une copie de la GNU General Public License avec cette œuvre ; si ce n'est pas le cas, écrivez à : Free Software Foundation, Inc., 51 Franklin Street, Fifth Floor, Boston, MA 02110-1301, USA.

Qu'est-ce que je fais maintenant ?

Voici des sources d'information supplémentaire sur le copyleft, tel qu'il est appliqué notamment à de l'information qui n'est pas du logiciel :

Le reste de ce site est dédié au projet GNU ; c'est la source canonique pour le copyleft et le logiciel libre [1].

Ram Samudrala a écrit The Free Music Philosophy (Philosophie de la musique libre) et crée de la musique copyleftée avec le groupe Twisted Helices.

Quelques-unes de mes propres œuvres non logicielles copyleftées incluent des écrits (textes littéraires, exposés de synthèse, articles techniques) et de la musique.

Note

  1. Avant 2020, l'expression « logiciel librement redistribuable » était utilisée ici pour désigner le logiciel libre, ce qui prêtait à confusion.